15 April, 2020
Human Rights Defender of the Month: Kadar Abdi Ibrahim
Ce message a été publié pour la première fois par DefendDefenders
Kadar Abdi Ibrahim est un fervent militant des droits humains et journaliste djiboutien – un pays où les journalistes sont fréquemment harcelés, soumis à des intimidations et représailles orchestrées par le gouvernement et empêchés de conduire leurs activités de façon indépendante. Pourtant, Kadar continue à utiliser sa voix et sa plume comme outils pour promouvoir la justice.
En tant que militant des droits humains, journaliste et blogueur, il est une cible à Djibouti. « Je suis témoin, quotidiennement, de l’injustice et des souffrances que subissent mes compatriotes. En tant qu’humain, impossible de rester les bras croisés », explique-t-il.
En 2015, Kadar était le co-directeur et rédacteur en chef du journal L’Aurore, le seul organe de presse privé de Djibouti. En 2016, le journal a été interdit de publication suite à la parution d’un article sur l’une des victimes du massacre de Buldhuqo, au cours duquel au moins 29 personnes ont été tuées. « Je suis animé par le désir de voir mon pays adopter une culture démocratique et surtout faire sortir mes concitoyens de l’ignorance », ajoute-t-il. Il occupe par ailleurs le poste de Secrétaire-général du parti politique MoDeL (Mouvement pour la démocratie et la liberté).
Pour tenter de le faire taire, la police a arrêté Kadar à plusieurs reprises, ce qui témoigne des dangers liés à la défense des droits à Djibouti. Souvent, le gouvernement refuse de légaliser les organisations des DDH à moins qu’ils ne prêtent allégeance aux autorités. Les DDH font en outre face à des actes de harcèlement judiciaire et extrajudiciaire, à des attaques, à des campagnes de dénigrement et à la confiscation de leurs documents d’identité.
Pendant 20 années, Kadar a été professeur de lycée, puis enseignant-chercheur à l’Université de Djibouti, mais il a perdu son poste en raison de son engagement en faveur des droits humains. Il a aussi été radié de la fonction publique.
En avril 2018, quelques jours après son retour de Genève, où il a mené des activités de plaidoyer en amont de l’Examen périodique universel (EPU) de Djibouti au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, des agents du Service de documentation et de sécurité (SDS), les services de renseignement djiboutiens, ont fait une descente à son domicile et confisqué son passeport. En dépit du fait que sa situation est clairement identifiée comme un cas de représailles par le Secrétaire-général adjoint des Nations Unies, qui a fait rapport sur la question au Conseil des droits de l’homme en 2018 et 2019, son passeport reste aux mains du SDS. Il est donc dans l’impossibilité de quitter son propre pays depuis deux ans.
Il reste convaincu du fait que les institutions onusiennes et les acteurs internationaux devraient exercer davantage de pression sur le gouvernement djiboutien et pousser en faveur de la justice et des droits humains, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des recommandations EPU – qui est l’un des seuls moyens de faire la lumière, au niveau international, sur la situation des droits humains à Djibouti.
« Il est de mon devoir de dénoncer l’injustice pour apporter de l’espoir à tous ceux qui en sont victimes. Je ne dois pas me contenter uniquement de la dénonciation, mais aussi agir pour montrer qu’une autre voie est possible avec nos maigres moyens en ressources humaines et matériels », conclut Kadar.